1. Au Club Pythagore

Caton, après avoir salué poliment et avec chaleur le dernier venu et confirmé que vous êtes maintenant au complet, prends place dans un des fauteuilles. Il croise les jambes et s'installe bien à son aise, mais en homme ayant lui aussi "les manières".

- Chers Messieurs, pour commencer, laissez donc à Sénèque seul la délicatesse un peu inutile de m'appeler Monsieur Caton. Caton est tellement plus simple et largement suffisant... Il ponctue sa phrase d'un sourire franc. Je comprends aisément combien notre invitation a pu vous surprendre et vous sembler mystérieuse. D'autant que, comme vient de le faire remarquer Monsieur Da Quinto, le Club Pythagore n'est pas très connu du grand public... et que nous ne cherchons pas à l'être. Pas que nous ayons la volonté d'être une société secrète - nous n'aurions pas de plaque de bronze sur notre porte - mais bien un organisme discret... Vous comprendrez tout de suite pourquoi...

Il laisse planner un léger blanc...

- Il me faut néanmoins commencer mon explication par une question: que connaissez-vous de Pythagore, Messieurs? lance-t-il en posant son regard clair sur chacun de vous...

Répondez ce qui vous semble (après d'éventuelles recherches sur le net ) en tenant compte évidement de votre background et de votre score en connaissance générale (10 étant, je le rappelle, la moyenne de l'instruction: quelqu'un ayant ses primaires et son collège mais pas son BAC)

J'attends un instant, le temps que mettraient à profit de jeunes parvenus pour se précipiter avec une réponse aussi théorique que dénuée de sens, et je dis, cette éventualité écartée aux oreilles de l'audience :

Outre des avancées certaines en philosophie, astronomie, mathématiques, musique, etc., on doit à Pythagore une doctrine et une école qui, fait peu habituel pour l'époque et qui l'est d'ailleurs encore aujourd'hui, marient le mysticisme à l'esprit scientifique, l'intelligence à la spiritualité ... votre invitation était plus qu'intrigante, Caton ... souffrez que j'ai souhaité en décoder le sens avant même d'en accepter les augures ...

je me tais et j'écoute

Je ne dis rien mais ne perds pas une miette de l'intervention de Teagan et de la façon dont notre hôte accueille la réponse...

Après l'intervention de Teagan, j'ajoute:

Il me semble d'ailleurs que la secte - car on peut l'appeler ainsi - qu'avait fondée Pythagore en Grande Grèce eut quelques problèmes par la suite et se fit détruire par quelque tyran à cause justement de ses rites mystiques. Mais bon, il est fort possible que je me trompe et qu'il s'agisse là d'une autre histoire.

Il est vraiment possible que je me trompe, car ça fait un bon moment que j'ai dû étudier cette histoire.

- Sa "secte", quoiqu'ils parlaient plutôt "d'école" à l'époque fût effectivement en grande partie détruite, Révérend. Vous avez entièrement raison. Néanmoins, la petite histoire prétend qu'elle fût par un noble de Crotone, Cylon, qui voulait ainsi se venger du vieux Pythagore qui l'avait jugé inapte à suivre les enseignements de l'école. Le complot de Cylon eu raison d'une grande partie de l'école pythagoricienne, qui petit à petit se désagrégea, rentra dans la clandestinité et puis tomba dans l'oubli.

Reprenant un gorgée de cognac, Caton poursuit:
- Votre résumé des apports de Pythagore à l'humanité, Monsieur O’Conann, est des plus justes. Votre démarche, quant à elle, dénote de certaines des qualités qui nous ont amené à vous inviter ici... Pythagore, en effet, avait entre autre chose, réussit à unifier dans une même démarche et une même quête de savoir universel la rigueur de la démarche et des découvertes scientifiques avec la chaleur et la plénitude du développement spirituel. C'est ce qu'il enseignait, également, à ses disciples, qui comptaient donc des savant en de nombreux domaines et des sages. Ecole qui disparut dans le courant du IVème siècle de notre ère, avec le dernier grand pythagoricien, Archytas de Tarente.

Il vous regarde les un après les autres et après cette nouvelle pause, reprend:
- C'est Londres, en 1899, qui accueillit le premier Club Pythagore. Quatre autres suivirent: à Berlin, Vienne, Rome... et Paris, le 2 janvier 1900.

Je vous laisse réagir, si vous le souhaitez, alors que Caton trempe une nouvelle fois ses lèvres dans son cognac...

- Huummm, je pense qu'il serait présomptueux de notre part de prétendre à former une néo-école pythagoricienne. Mais par contre, il est vrai que cette école antique nous sert de référent, de source d'inspiration, de modèle de conduite dans notre démarche.

Il se trourne vers Da Quinto:
- Votre précision concernant la foi en la métempsychose, Monsieur Da Quinto, est elle aussi parfaitement juste. Mais, comme vous le suggérer, ainsi que Monsieur Lobinau, laissons maintenant Pythagore de côté et venons-en au fait, à la raison de votre présence ici ce soir.

Il croise ses poignets sur ses jambes et avance un peu le buste:
- Comme Pythagore et ses disciples, en son temps, le but des Club Pythagore est de s'intéresser à toutes les activités de la pensée humaine. Les arts, les lettres, les sciences, la philosophie, la spiritualité, ... Nous pensons que nous sommes à un tournant majeur de l'évolution de l'humanité: les progrès techniques et matérielles ne cessent de s'accélérer, transformant profondément nos sociétés. Si l'on veut que ce soit pour un mieux, les qualités humaines ne doivent pas êtres en reste. Elles doivent accompagner au plus près ces évolutions. C'est ainsi que les Club Pythagore accueillent en leur sein des hommes et des femmes à l'esprit ouvert, objectif et curieux. Ni fanatiques à l'esprit étroit ni sceptiques professionnels ne nous intéressent. Non pour influencer la politique de nos pays, mais pour que les qualités de nos membres se développent et rayonnent au coeur même nos société.

Il dépose son verre vide sur la table, se repositionne dans son fauteuille et poursuit, posément:
- Il est un objectif plus précis aussi, sur lequel je reviendrai plus tard, si vous me le permettez. Avant cela, je voudrais pointer ce qui nous a amenez à vous inviter à rejoindre à la trentaine de membres actuels du Club de Paris.

Révérend, de part votre fonction, vous représentez bien évidement la spiritualité essentielle à tout équilibre. Mais part votre action et votre intérêt pour les lointains pays d'Orient, vous êtes aussi sensible aux autres pensées humaines et à la condition matériel de vos frères et soeurs, luttant, avec vos moyens, pour l'amélioration de ceux-ci.

De votre côté, Monsieur Lobinau, vous qui représentez ce soir la justice, votre action auprès des jeunes orphelins des rues montre combien vous êtes sensible à la misère de certains de vos concitoyens les plus vulnérables et comment vous avez pu mettre vos talents aux services des plus démunis.

Monsieur Da Quinto a, pour sa part, utilisé ses connaissances d'ingénieur pour soulager des peuples lointains de la sécheresse. Démarche altruiste encore trop rare de nos jours.

Enfin, Monsieur O'Conann, votre plume est aussi habile à louer les beautés de notre monde qu'à défendre les droits élémentaires de vos compatriotes, trop souvent bafoués par la couronne d'Angleterre.

Nous accueillons donc quatres esprits brillants au coeur sensible. Cela est rare et précieux. Aussi, c'est avec joie que j'ai l'honneur - et il se lève et s'incline poliment - de vous demandez si vous accepteriez de rejoindre à votre tour notre Club Pythagore de Paris.

Il se rassied.

- Je conçois cependant aisément que vous auriez peut-être encore quelques questions avant de vous prononcer. Pour ma part, je rajouterai encore une chose, comme je l'ai mentionné tout à l'heure. Si, effectivement, ce but d'ouverture d'esprit et de coeur par l'embrassement de toutes l'activité de l'esprit pour en nourrir nos sociétés de l'intérieur est l'objectif global de notre organisme, nous privilégions néanmoins un axe précis. Ce qui, par ailleurs, explique la discretion que nous gardons. Nous portons en effet une attention particulière aux phénomènes, plus nombreux que l'on pourrait croire à notre époque, curieux, étranges, sortant de l'ordinaire et que les connaissances actuelles, tous domaines confondus, peine à comprendre avec clareté.

Profitant d'un moment de silence, Sénèque entre dans la pièce et vous propose d'autres collations. Dehors, la pluie frappe avec force sur les careaux. Le feu dans la cheminé crépite, lui, avec joie.

Caton, s'est tu et, avec douceur et patience, observe vos réactions...

Teagan O’Conann a écrit:

Mais vous me permettrez de douter de ma capacité à être d'une quelconque utilité à cette cause si elle s'aventure sur des terres que les disciplines scientifiques peinent encore à défricher. La vertu humaniste dont vous nous faites l'honneur de nous parer est, pour ma part, plus moderne qu'encyclopédique ...

Au contraire, au contraire... C'est avec l'esprit ouvert et léger qu'il est bon d'aborder ces matières. Avec le regard neuf. Tout en pouvant se reposer sur d'autres compétences et savoirs pour amener des éclairages nouveaux et inédits. C'est alors qu'une compréhension neuve et ouverte peut se faire jour. Le regard que vous porter sur le monde et votre ancrage dans la modernité, Monsieur O'Connor, sont dès lors plus des atouts que des inconvénients.

Sébastien Lobinau a écrit:

Pourriez-vous préciser, si possible, le rapport entre ces valeurs humanitaires, que vous percevez chez vos membres, et ces phénomènes que la science est pour le moment incapable d'expliquer ? Je ne sais pas vraiment le lien ? Avez-vous un exemple précis à nous donner ?

Ils peuvent être multiples. Tout d'abord, la compréhension de ces phénomènes peut amener au développement d'applications utiles à l'humanité. D'autres part, il arrive fréquement que des personnes souffrent de ces phénomènes. Les comprendre et pouvoir y mettre un terme est donc un acte clairement charitable. Sans compter que, en repoussant les limites de l'incompris, on oeuvre bien à l'épanouissement, de soi et, par conséquent, des autres.

Sénèque, qui avait quitté la pièce après vous avoir servi, rentre à nouveau...

D'autre part, pouvoir aborder ces questions sans apprioris, sans parti pris, sans fanatisme ni scepticisme est aussi une preuve de qualités humaines. C'est pourquoi nos membres se doivent de les posséder.

Sénèque se tenant debout derrière son siège, Caton se retourne vers lui:
- Il y a-t-il un problème, Sénèque?

Celui-ci se penche alors et murmure quelque mot à l'oreille de votre hôte.
- Hum, bien , bien. Messieurs - Caton s'adresse à vous en se levant - une question d'intendance m'appelle. Je ne devrais pas être long. Je répondrai à votre question pratique, Révérend, à mon retour. Mais soyez d'ors et déjà remercié pour l'accueille favorable que vous faites à notre invitation. Et je peux déjà vous dire que vore situation matérielle ne devrait pas être un frein à votre adhésion. Messieurs, je vous laisse discuter queqlues instants entre vous...

Il se retire alors à la suite de Sénèque, laissant la porte du salon ouverte. Vous voici tous les quatres face au feu, dans vos feuteilles, avec une boisson de qualité (pour ceux qui en ont prise une).

Je lève lentement le bras pour amener mon verre face à l'âtre et en fais gentillement tournoyer le contenu, admirant le reflet des flammes dans le liquide ambré ...

Etrange personnage & situation peu commune, n'est-il pas ? ...

Je me lève et me promène dans la pièce en l'examinant attentivement. Je laisse trainer une oreille à tout bruit venant de la porte.
En effet messieur. Ravi en tout cas d'être parmi un aussi valeureux equipage...
...
[a voix basse] Je me demande de quel phénomène Caton pouvait bien parlé et ce qu'il avait en tête.[/ a voix basse]
...
J'ai l'air proccupé....

Je suppose que nous ne tarderons pas à l'apprendre. Mais que vous inspire sa proposition ? ... et vous, Messieurs (à l'adresse de Da Quinto & Garond), qu'en pensez-vous, si vous me permettez ?

Pour ma part, je trouve tout ceci assez intriguant et amusant. Je me demande aussi de quels phénomènes Caton voulait parler. Je vous avoue qu'en tant que pasteur, les miracles m'ont toujours intrigué et j'ai toujours eu du mal à les accepter en tant que simples manifestations de Dieu. Il me semble qu'il se cache derrière eux des processus bien plus complexes. De plus, pendant les dix années que j'ai passées en Inde, comme l'a mentionné Caton, il m'a été donné de voir des choses qui défient le bon sens et qui m'ont plus d'une fois fait questionner notre vision occidentale fort matérialiste de la structure de ce bas monde.

Vous remarquez que, hormis le thé que j'ai bu tout au début de la soirée, je n'ai touché ni aux rafraîchissements ni à la nourriture apportés par Sénèque.

Après un moment de silence, je m'exclame soudain :

Oh! Mais il me revient à l'esprit un détail intéressant : si je me souviens bien, cette secte qu'avait fondée Pythagore, avant de se faire détruire, s'est elle-même attaquée à des villes environnantes car elle les considérait comme débauchées, et ceci avec beaucoup de violence.
Je me demande ce qu'il en est du Club à ce niveau-là. Je détesterais me retrouver avec des moralisateurs qui à force de prôner l'ouverture d'esprit deviennent eux-mêmes des fanatiques...
Pourtant, je dois dire que jusqu'ici, Caton ne m'inspire que la plus vive sympathie. Qu'en pensez-vous?